Quelles sont les 7 exonérations en cas de succession ?

Lors d’une succession, les héritiers doivent généralement s’acquitter de droits de succession, des impôts calculés sur la valeur des biens reçus. Toutefois, la législation française prévoit plusieurs exonérations qui permettent d’alléger, voire d’annuler, ces frais dans certains cas précis. Ces exonérations sont mises en place pour des raisons diverses : soutien aux proches, préservation du patrimoine familial ou encouragement de la transmission d’entreprises, entre autres. Comprendre ces exonérations est essentiel pour bien préparer une transmission patrimoniale et éviter une imposition excessive.

Dans cet article, nous aborderons les principales exonérations qui s’appliquent en cas de succession, avec des exemples concrets pour illustrer chaque situation.

1. Exonérations pour les héritiers en ligne directe

1.1. Abattement pour les enfants, petits-enfants et parents

Les héritiers en ligne directe, c’est-à-dire les enfants et les parents, bénéficient d’un abattement sur les droits de succession. Cet abattement représente une somme non imposable sur la valeur de l’héritage reçu.

– Pour les enfants, l’abattement est de 100 000 € par parent et par enfant. Cela signifie qu’un enfant peut recevoir jusqu’à 100 000 € de chaque parent sans avoir à payer de droits de succession. Si la succession dépasse ce montant, les droits s’appliquent uniquement sur la partie excédentaire.

Exemple : Imaginons qu’un parent décède en laissant un patrimoine de 300 000 € à son unique enfant. Grâce à l’abattement de 100 000 €, l’enfant ne paiera des droits de succession que sur 200 000 €, après application des barèmes progressifs prévus par la loi.

– Pour les petits-enfants, l’abattement est de 31 865 € par petit-enfant. Cela permet de transmettre une partie du patrimoine directement aux générations suivantes tout en réduisant les droits de succession.

Exemple : Un grand-parent souhaite léguer 90 000 € à un petit-enfant. Avec un abattement de 31 865 €, le petit-enfant sera imposé sur 58 135 € seulement.

– Pour les parents (si c’est l’enfant qui décède en premier), l’abattement est de 100 000 €. Cela permet à des parents survivants de recevoir une partie du patrimoine de leurs enfants sans impôt, dans des situations malheureusement rares.

abattement succession

1.2. Exonérations pour les conjoints survivants et partenaires de PACS

Les époux et les partenaires de PACS bénéficient d’une exonération totale des droits de succession. En d’autres termes, qu’ils reçoivent un bien immobilier, des actions ou d’autres éléments patrimoniaux, ils ne paient aucun droit de succession sur la totalité de l’héritage.

Cette mesure a été mise en place pour protéger le conjoint survivant ou le partenaire de PACS, qui, en cas de décès, pourrait se retrouver dans une situation financière difficile.

Exemple : Monsieur et Madame Dupont, mariés, possèdent ensemble une maison d’une valeur de 500 000 €. Au décès de Monsieur Dupont, Madame Dupont devient propriétaire de la maison sans avoir à payer de droits de succession sur cette part.

Il est important de souligner que cette exonération ne s’applique pas aux concubins qui ne sont ni mariés ni pacsés.

2. Exonérations spécifiques liées à la nature des biens transmis

Certaines exonérations de succession ne dépendent pas du lien familial, mais plutôt du type de bien transmis. Voici quelques exemples notables.

2.1. Exonération sur la résidence principale

Si le défunt vivait dans une résidence principale qu’il partageait avec son conjoint, ce dernier bénéficie d’une exonération totale des droits de succession sur cette résidence. Pour les autres héritiers, une exonération partielle peut être appliquée sous certaines conditions.

– Conjoints et partenaires de PACS : exonération totale sur la résidence principale, comme mentionné précédemment.

– Autres héritiers : l’exonération concerne jusqu’à 20 % de la valeur de la résidence principale, mais uniquement si cet héritier vivait de façon permanente dans le logement avec le défunt, au moins deux ans avant son décès.

Exemple : Un homme vivait dans sa maison avec son neveu. À son décès, la maison est estimée à 400 000 €. Le neveu, héritier principal, bénéficie d’une exonération de 20 % sur la valeur de la maison, soit une réduction de 80 000 €. Il ne sera donc imposé que sur 320 000 €.

2.2. Exonération pour les biens professionnels (Pacte Dutreil)

La transmission d’une entreprise, que ce soit sous forme de parts sociales ou d’actions, bénéficie d’une exonération partielle sous certaines conditions. C’est le pacte Dutreil qui régit cette exonération, avec pour objectif de faciliter la transmission d’entreprises familiales et d’encourager leur continuité après le décès du dirigeant.

Grâce à ce dispositif, les héritiers peuvent être exonérés de 75 % de la valeur des parts ou actions transmises, à condition que certaines conditions soient respectées, notamment l’engagement de conserver les parts pendant au moins 4 ans après la succession.

Exemple : Monsieur Martin souhaite léguer son entreprise à son fils, valorisée à 1 000 000 €. Grâce au pacte Dutreil, la base imposable est réduite de 75 %, soit 250 000 € uniquement. Le fils paiera donc des droits de succession sur cette somme, après application des abattements habituels.

2.3. Exonération pour les œuvres d’art, livres et objets historiques

La transmission de certains biens culturels peut également bénéficier d’une exonération de droits de succession, sous réserve de certaines conditions. Il peut s’agir de tableaux, de sculptures, de manuscrits ou d’autres objets présentant un intérêt artistique ou historique.

Pour que cette exonération soit appliquée, les héritiers doivent s’engager à conserver ces objets et, dans certains cas, à les mettre à disposition du public (notamment en les prêtant à des musées ou en les rendant accessibles dans des expositions publiques).

Exemple : Une collection privée de tableaux de maître est transmise à des héritiers. En s’engageant à prêter une partie de cette collection à un musée pour des expositions, les héritiers peuvent obtenir une exonération totale des droits de succession sur la valeur de ces œuvres.

3. Exonérations pour des héritiers spécifiques

3.1. Exonération pour les frères et sœurs vivant avec le défunt

Les frères et sœurs du défunt peuvent bénéficier d’une exonération totale des droits de succession si certaines conditions sont réunies :

– Le frère ou la sœur doit être âgé(e) de plus de 50 ans ou infirme au moment du décès.

– Il ou elle doit avoir vécu de manière permanente avec le défunt pendant les 5 années précédant le décès.

Exemple : Deux frères vivent ensemble dans la maison familiale depuis 10 ans. À la mort de l’un d’entre eux, le frère survivant hérite de la maison, estimée à 300 000 €. Étant âgé de 55 ans et ayant partagé cette résidence avec le défunt pendant plus de 5 ans, il bénéficie d’une exonération totale des droits de succession.

3.2. Exonération pour les victimes de guerre ou d’actes de terrorisme

Les successions concernant des victimes de guerre ou d’actes de terrorisme bénéficient également d’une exonération complète des droits de succession. Cette mesure est destinée à soulager financièrement les familles de victimes de tragédies nationales.

Exemple : Une personne victime d’un attentat laisse derrière elle un patrimoine de 200 000 €. Ses héritiers ne paieront aucun droit de succession sur cette somme, bénéficiant d’une exonération totale en raison des circonstances du décès.

4. Cas spécifiques d’abattements supplémentaires

Dans certaines situations, des abattements supplémentaires peuvent s’appliquer, notamment en faveur des personnes handicapées ou en cas de transmission de certains biens ruraux.

4.1. Abattement pour les personnes handicapées

Indépendamment du lien de parenté, un héritier reconnu handicapé (au sens de l’article 779 du Code général des impôts) bénéficie d’un abattement supplémentaire de 159 325 €. Cet abattement s’ajoute aux abattements de droit commun (comme les 100 000 € pour les enfants, par exemple).

Exemple : Un enfant handicapé hérite de son parent défunt d’un patrimoine de 300 000 €. Il bénéficie d’un abattement de 100 000 € en tant qu’enfant, puis de 159 325 € supplémentaires en raison de son handicap. Il ne paiera des droits de succession que sur 40 675 €.

4.2. Exonération partielle sur les biens ruraux et les bois et forêts

La transmission de biens ruraux loués par bail à long terme ou de bois et forêts peut bénéficier d’une exonération de 75 % de la valeur de ces biens, sous réserve de certaines conditions, notamment un engagement de gestion durable pour les forêts.

Exemple : Un propriétaire décède en laissant une forêt valorisée à 500 000 € à ses enfants. Grâce à l’exonération partielle prévue par la loi, les héritiers peuvent bénéficier d’une réduction de 75 % sur la valeur de la forêt, ce qui ramène la base imposable à 125 000 €. Ils ne paieront donc des droits de succession que sur cette somme, ce qui représente une économie fiscale significative.

Les conditions pour bénéficier de cette exonération incluent l’engagement de gérer durablement les bois et forêts pendant 30 ans et, dans le cas des terres agricoles, la signature d’un bail à long terme, assurant ainsi la continuité de l’activité agricole.

5. Exonérations en faveur de certaines donations avant succession

Il est également possible de préparer sa succession en amont en faisant des donations, ce qui permet de bénéficier d’exonérations et d’alléger les droits de succession ultérieurs. Bien que la donation soit distincte de la succession, elle peut avoir un impact important sur la gestion des exonérations futures.

5.1. Les donations en ligne directe

Les donations effectuées entre parents et enfants bénéficient d’un abattement de 100 000 € tous les 15 ans, soit un avantage fiscal identique à celui appliqué aux successions en ligne directe. Cela signifie qu’une personne peut donner à chacun de ses enfants jusqu’à 100 000 € en franchise de droits tous les 15 ans. Si cette donation est anticipée correctement, elle permet de transmettre une partie de son patrimoine sans avoir à payer de droits de succession au moment du décès.

Exemple : Un père possède un patrimoine de 500 000 €. Plutôt que de tout laisser en héritage à son décès, il décide de donner à son fils 100 000 € aujourd’hui. Cette donation est exonérée de droits, et dans 15 ans, il pourra renouveler cette opération. En planifiant ainsi, le fils héritera plus tard d’un montant moins important, réduisant ainsi la base taxable lors de la succession.

5.2. Les donations manuelles

Les donations manuelles, qui concernent généralement de l’argent, des meubles ou des titres, sont aussi soumises à des abattements similaires à ceux des successions. En ligne directe, par exemple, chaque donation bénéficie d’un abattement de 31 865 € pour les dons aux petits-enfants, comme dans le cadre des successions.

Exemple : Une grand-mère souhaite transmettre 30 000 € à sa petite-fille avant son décès. En procédant à cette donation, la petite-fille bénéficie de l’abattement applicable de 31 865 €, et aucune imposition n’est due sur cette somme.

6. Transmission des biens immobiliers : exonérations et réductions spécifiques

En matière de succession, les biens immobiliers représentent souvent une grande partie du patrimoine transmis. Heureusement, il existe plusieurs dispositifs permettant de bénéficier d’exonérations ou de réductions sur la transmission de biens immobiliers.

6.1. Exonération en cas de démembrement de propriété

Le démembrement de propriété, qui consiste à diviser la pleine propriété d’un bien entre l’usufruitier (qui a le droit de l’utiliser) et le nu-propriétaire (qui détient la propriété des murs), est un outil efficace pour préparer une succession.

En cas de démembrement, la valeur de la nue-propriété transmise aux héritiers est souvent moins élevée que celle de la pleine propriété, ce qui réduit la base imposable pour les droits de succession. L’usufruitier peut continuer à jouir du bien jusqu’à son décès, moment auquel les héritiers récupèrent la pleine propriété sans imposition supplémentaire.

Exemple : Un parent âgé souhaite transmettre une maison à son fils tout en continuant à y habiter. En optant pour un démembrement, il conserve l’usufruit de la maison, tandis que son fils devient nu-propriétaire. La valeur de la nue-propriété est inférieure à celle de la pleine propriété (par exemple 60 % de la valeur totale, selon l’âge de l’usufruitier), ce qui diminue le montant des droits de succession.

6.2. Réductions pour les héritiers habitant dans le bien immobilier

Pour les héritiers qui habitaient la résidence principale du défunt au moment de son décès, il est possible de bénéficier d’une exonération de 20 % de la valeur du bien immobilier, sous certaines conditions. Cela permet d’alléger la facture des droits de succession sur un bien souvent difficile à liquider immédiatement après le décès.

Exemple : Un fils vivait avec son père dans un appartement dont la valeur est estimée à 300 000 €. Au décès de son père, il hérite de cet appartement, mais bénéficie d’une réduction de 20 %, soit 60 000 €. La base imposable pour les droits de succession est donc réduite à 240 000 €.

6.3. Les successions en SCI (Société Civile Immobilière)

Lorsque des biens immobiliers sont détenus par une Société Civile Immobilière (SCI), la transmission des parts sociales de la SCI peut également permettre de bénéficier de certains avantages fiscaux. En effet, les parts de SCI peuvent être soumises à des abattements en fonction de leur valeur, et le démembrement de propriété peut s’appliquer de manière similaire aux biens détenus en direct.

Exemple : Monsieur et Madame Leblanc détiennent, via une SCI, plusieurs biens immobiliers. À leur décès, leurs enfants héritent des parts de la SCI. Grâce à la possibilité de démembrement et aux abattements en vigueur, les droits de succession sont considérablement réduits.

7. Cas particuliers : exonérations pour les transmissions philanthropiques et associatives

Il existe également des exonérations en faveur des transmissions à des associations ou à des fondations reconnues d’utilité publique. Ces exonérations visent à encourager les dons philanthropiques.

7.1. Exonération totale pour les dons aux associations et fondations

Les successions ou donations en faveur de certaines associations ou fondations bénéficient d’une exonération totale de droits de succession. Cela inclut notamment les associations caritatives, les organismes de recherche ou encore les fondations culturelles.

Exemple : Un particulier décède en léguant 50 000 € à une association caritative. Cette somme est totalement exonérée de droits de succession, permettant ainsi à l’organisme bénéficiaire de recevoir la totalité du don sans imposition.

7.2. Abattement spécifique pour les transmissions à des organismes d’intérêt général

Outre les associations reconnues d’utilité publique, les transmissions effectuées au profit d’organismes à but non lucratif, qui participent à la défense de causes humanitaires, éducatives ou écologiques, peuvent également bénéficier d’abattements spécifiques, réduisant ainsi la base imposable.

Exemple : Un don de 100 000 € est fait à une fondation pour la recherche médicale. En raison de la nature de l’organisme bénéficiaire, ce don peut être exonéré, selon les conditions prévues par la loi, allégeant ainsi la charge fiscale des héritiers.

Conclusion

Les exonérations en cas de succession sont multiples et variées, permettant aux héritiers de bénéficier d’avantages fiscaux significatifs, en particulier lorsqu’il s’agit de transmissions en ligne directe, de donations en faveur de conjoints ou partenaires de PACS, ou encore de transmissions de biens spécifiques comme les entreprises ou les œuvres d’art.

Il est crucial de bien connaître ces exonérations et de planifier en conséquence, afin de maximiser les avantages fiscaux tout en assurant une transmission sereine et conforme aux souhaits du défunt. L’anticipation, notamment à travers des donations, des démembrements de propriété ou l’intégration d’organismes à but non lucratif, permet d’optimiser le patrimoine familial tout en limitant les droits de succession.

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