Investir en immobilier via une SCI, pourquoi et comment en 3 points clés!

Créer une Société Civile Immobilière (SCI) est une démarche stratégique pour ceux qui souhaitent investir dans l’immobilier tout en optimisant la gestion et la transmission de leur patrimoine. Une SCI permet de mutualiser les ressources, simplifier la gestion des biens et préparer sereinement la succession, tout en bénéficiant d’une certaine flexibilité juridique et fiscale. Cependant, la création d’une SCI demande de la préparation et une bonne compréhension des mécanismes juridiques, fiscaux et administratifs qui la régissent. Cet article vous présentera trois points clés à connaître pour créer une SCI efficace et pérenne afin de réussir votre projet d’investissement immobilier.

1. Qu’est-ce qu’une SCI ?

Une Société Civile Immobilière (SCI) est une structure juridique permettant à plusieurs personnes, appelées associés, de gérer collectivement un patrimoine immobilier. Elle est souvent utilisée pour faciliter l’investissement, la gestion et la transmission de biens immobiliers. Les associés peuvent être des particuliers ou des sociétés, et la SCI peut posséder un ou plusieurs biens immobiliers.

Une SCI est constituée d’au moins deux personnes, chacune ayant le statut d’associé, et permet de gérer un ou plusieurs biens immobiliers. Le patrimoine immobilier est détenu par la SCI et chaque associé reçoit des parts sociales proportionnelles à son apport.

Comme toute société, la SCI dispose de statuts régissant son fonctionnement. La rédaction des statuts permet notamment de définir les modalités de prise de décision, par exemple à l’unanimité ou à la majorité.

Par ailleurs, les associés d’une SCI désignent un gérant, chargé de la gestion courante des biens immobiliers détenus par la société, sans avoir à engager de formalités auprès des autres associés.Caractéristiques de la SCI. 

  • Personnalité juridique : La SCI est une entité juridique distincte de ses associés. Elle possède donc son propre patrimoine.
  • But non commercial : La SCI ne doit pas avoir d’activité commerciale, c’est-à-dire qu’elle ne peut pas acheter des biens pour les revendre avec un bénéfice. Son objet principal est la gestion de biens immobiliers.
  • Responsabilité des associés : Les associés sont responsables des dettes de la SCI à hauteur de leur part dans le capital social. Cependant, la responsabilité est indéfinie, ce qui signifie que si la SCI ne peut pas payer ses dettes, les créanciers peuvent se retourner contre les associés sur leur patrimoine personnel.
  • Fiscalité : Par défaut, la SCI est soumise à l’impôt sur le revenu (IR), mais elle peut opter pour l’impôt sur les sociétés (IS). Cette option peut avoir des avantages ou des inconvénients selon la situation des associés et les objectifs de la SCI.

2. Comment créer une SCI ?

2.1 Étapes de création

  1. Rédaction des statuts : Les statuts constituent le contrat qui lie les associés. Ils doivent être rédigés par écrit et contenir certaines mentions obligatoires : la dénomination sociale, l’objet social, le siège social, le capital social, la durée de la société (maximum 99 ans), et les modalités de fonctionnement.
  2. Apports des associés : Les associés doivent apporter des biens à la SCI. Ces apports peuvent être en numéraire (argent) ou en nature (biens immobiliers ou mobiliers).
  3. Dépôt du capital social : Le capital social doit être déposé sur un compte bloqué au nom de la SCI en formation.
  4. Publication d’un avis de constitution : Un avis doit être publié dans un journal d’annonces légales (JAL) du département où se situe le siège social de la SCI.
  5. Immatriculation au RCS : La SCI doit être immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS). Cette démarche s’effectue auprès du greffe du tribunal de commerce compétent.

2.2 Coûts de création

Les coûts de création d’une SCI peuvent varier en fonction de plusieurs facteurs :

  • Frais de rédaction des statuts : Si les statuts sont rédigés par un notaire ou un avocat, cela peut coûter entre 500 et 2 000 euros. Il est cependant possible de les rédiger soi-même ou d’utiliser des modèles disponibles en ligne, ce qui réduit les coûts.
  • Frais de publication : La publication de l’avis de constitution dans un JAL coûte généralement entre 150 et 200 euros.
  • Frais d’immatriculation : Les frais d’immatriculation au RCS s’élèvent à environ 70 euros.
  • Apports en nature : Si les apports en nature doivent être évalués par un commissaire aux apports, cela engendre des coûts supplémentaires, généralement entre 500 et 1 000 euros.

En résumé, le coût total de création d’une SCI peut varier entre 300 et 4 000 euros, selon la complexité de l’opération et les services externes sollicités.

3. Dans quels cas est-ce intéressant de créer une SCI ?

3.1 Investissement locatif

Mutualisation des fonds

La création d’une Société Civile Immobilière (SCI) pour l’investissement locatif permet de mutualiser les fonds des associés, facilitant ainsi l’acquisition de biens immobiliers plus importants et plus diversifiés.

Exemple pratique :

Imaginez trois amis, Pierre, Marie, et Jean, qui souhaitent investir dans l’immobilier. Individuellement, chacun dispose de 50 000 euros, insuffisant pour acheter un immeuble de rapport. En créant une SCI et en mutualisant leurs fonds, ils disposent de 150 000 euros, suffisants pour obtenir un prêt bancaire et acheter un immeuble d’une valeur de 500 000 euros. Grâce à cette mutualisation, ils peuvent accéder à un investissement plus conséquent et potentiellement plus rentable.

Gestion structurée des biens

La SCI permet une gestion structurée des biens immobiliers grâce à des règles clairement définies dans les statuts de la société.

  • Rédaction des statuts : Les statuts de la SCI définissent les modalités de gestion des biens, les droits et obligations des associés, et les procédures de prise de décision. Cela inclut la répartition des parts, les règles de convocation des assemblées générales et les pouvoirs du gérant.
  • Nomination d’un gérant : La SCI peut désigner un ou plusieurs gérants responsables de la gestion quotidienne des biens immobiliers. Par exemple, dans notre SCI, Pierre pourrait être désigné comme gérant, chargé de la gestion des locations, des relations avec les locataires, et de l’entretien des biens.

Redistribution des revenus locatifs

Les loyers perçus par la SCI sont redistribués aux associés en fonction de leurs parts, ce qui simplifie la gestion des revenus.

  • Proportionnalité des revenus : Si Pierre, Marie, et Jean détiennent chacun 33,33 % des parts de la SCI, les loyers perçus seront redistribués proportionnellement. Par exemple, si la SCI perçoit 30 000 euros de loyers annuels après déduction des charges, chaque associé recevra 10 000 euros.
  • Optimisation de la trésorerie : La SCI peut décider de réinvestir une partie des revenus dans l’entretien des biens ou dans l’acquisition de nouveaux actifs, assurant ainsi une croissance continue du patrimoine immobilier.

3.2 Gestion de patrimoine familial

Éviter l’indivision

Créer une SCI pour détenir un patrimoine immobilier familial permet d’éviter les conflits souvent associés à l’indivision, surtout en cas de succession.

Exemple pratique :

Imaginons une famille avec trois enfants, qui hériteront d’un immeuble familial. En cas d’indivision, chaque décision concernant l’immeuble nécessite l’accord de tous les héritiers, ce qui peut conduire à des blocages en cas de désaccord. En créant une SCI, les parents peuvent attribuer des parts sociales à chaque enfant, tout en définissant des règles claires pour la gestion et la prise de décisions dans les statuts de la société.

Conservation du patrimoine

La SCI facilite la conservation du patrimoine familial en encadrant les règles de gestion et de transmission.

  • Transmission encadrée : Les parents peuvent progressivement transmettre les parts sociales de la SCI à leurs enfants, en bénéficiant des abattements fiscaux sur les donations.
  • Stabilité de la gestion : Les statuts de la SCI peuvent prévoir des règles strictes pour la gestion des biens, garantissant ainsi une certaine stabilité et continuité dans la gestion du patrimoine.

3.3 Optimisation fiscale

Choix du régime fiscal

La SCI offre des possibilités d’optimisation fiscale en fonction du régime choisi (Impôt sur le Revenu – IR, ou Impôt sur les Sociétés – IS).

  • Impôt sur le Revenu (IR) : Par défaut, la SCI est soumise à l’IR. Les revenus locatifs sont alors imposés au niveau des associés, permettant de bénéficier de certains abattements et déductions.
  • Impôt sur les Sociétés (IS) : En optant pour l’IS, la SCI peut déduire de nombreux frais (intérêts d’emprunt, travaux, frais de gestion) de ses revenus, réduisant ainsi l’assiette imposable. Cela peut être particulièrement avantageux si la SCI réalise des bénéfices importants et souhaite réinvestir dans de nouveaux projets.

Se référer à l’article SCI à l’IS OU à l’IR : quelle option choisir?

Déduction des charges

Les charges liées à la gestion des biens immobiliers peuvent être déduites des revenus locatifs, réduisant ainsi l’imposition des associés.

  • Intérêts d’emprunt : Les intérêts des prêts contractés pour l’acquisition des biens immobiliers sont déductibles des revenus locatifs, ce qui peut considérablement réduire l’imposition.
  • Travaux et réparations : Les dépenses engagées pour les travaux de réparation, d’entretien et de rénovation des biens sont également déductibles.
  • Frais de gestion : Les frais de gestion, y compris les honoraires du gérant et les frais administratifs, peuvent être déduits des revenus locatifs.

3.4 Transmission du Patrimoine

Se référer à l’article 1 SCI comme outil de transmission de patrimoine

Transmission progressive des parts sociales

La SCI permet de transmettre progressivement le patrimoine immobilier en offrant des parts sociales à ses enfants ou à ses proches, en bénéficiant des abattements fiscaux.

Exemple pratique :

Chaque parent peut donner, tous les 15 ans, jusqu’à 100 000 euros par enfant en franchise d’impôt. Par exemple, un parent peut donner des parts de la SCI d’une valeur de 100 000 euros à chacun de ses trois enfants sans payer de droits de donation. Cette stratégie permet de bénéficier des abattements multiples et de réduire l’impact fiscal.

Donation de la nue-propriété

Il est possible de donner la nue-propriété des parts sociales de la SCI tout en conservant l’usufruit, permettant ainsi de percevoir les revenus locatifs et de gérer les biens.

Exemple pratique :

Un parent peut donner la nue-propriété de ses parts sociales à ses enfants tout en conservant l’usufruit. La valeur de la nue-propriété est inférieure à celle de la pleine propriété, ce qui réduit la base imposable pour les droits de donation. L’usufruitier continue à percevoir les loyers et à gérer les biens, tandis que les enfants deviennent nus-propriétaires.

démembrement - nue propriété - usufruit

Donation-Partage

La donation-partage permet de répartir les parts sociales de la SCI entre les héritiers de manière anticipée, selon les volontés du donateur, tout en bénéficiant des abattements fiscaux.

Exemple pratique :

Un parent souhaitant répartir équitablement son patrimoine entre ses enfants peut utiliser la donation-partage pour attribuer des parts de la SCI à chacun, en évitant les conflits potentiels lors de la succession. Les enfants reçoivent leurs parts de manière anticipée, ce qui permet de stabiliser la transmission du patrimoine.

donation

Si vous souhaitez approfondir cette partie, lisez notre article « Comment donner à ses enfants sans être taxé ?« 

Pacte Dutreil

Le Pacte Dutreil permet de réduire les droits de mutation à titre gratuit pour la transmission des parts sociales de la SCI, à condition de respecter certains engagements de conservation des parts.

Exemple pratique :

Pour bénéficier du Pacte Dutreil, les héritiers doivent s’engager à conserver les parts sociales pendant au moins deux ans après la transmission. Ce dispositif permet de réduire les droits de succession ou de donation de 75 %, offrant ainsi une importante économie fiscale lors de la transmission du patrimoine.

3.5 Protection du patrimoine

Protection en cas de difficultés financières

La SCI offre une certaine protection du patrimoine immobilier des associés en cas de difficultés financières.

  • Saisie des parts sociales : En cas de dettes personnelles, les créanciers des associés peuvent saisir les parts sociales de la SCI, mais pas les biens immobiliers détenus par la société. Cela permet de protéger les actifs immobiliers.
  • Patrimoine distinct : Les biens détenus par la SCI sont distincts des patrimoines personnels des associés, offrant ainsi une protection supplémentaire en cas de faillite personnelle d’un associé.

Avantages de la structure juridique

La structure juridique de la SCI permet de mieux protéger et gérer le patrimoine immobilier.

  • Règles claires de gestion : Les statuts de la SCI définissent clairement les règles de gestion et de prise de décision, réduisant ainsi les risques de mauvaise gestion et de conflits.
  • Stabilité et continuité : La SCI assure une certaine stabilité et continuité dans la gestion du patrimoine, même en cas de changement d’associés ou de transmission des parts sociales.Conclusion

Conclusion

Créer une SCI pour investir en immobilier offre de nombreux avantages en termes de gestion, de fiscalité et de transmission du patrimoine. C’est une solution particulièrement adaptée pour les investissements locatifs, la gestion d’un patrimoine familial et l’optimisation fiscale. La création d’une SCI nécessite toutefois une certaine préparation et des formalités administratives. Les coûts associés à sa création peuvent varier, mais les avantages à long terme justifient souvent l’investissement initial.

La transmission du patrimoine via une SCI est facilitée par les possibilités de donation progressive, de donation de la nue-propriété et de donation-partage, ainsi que par les avantages fiscaux offerts. Ainsi, la SCI apparaît comme un outil juridique et fiscal performant pour gérer et transmettre un patrimoine immobilier de manière optimisée.

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